Bromelia karatas, un rafraîchissement dans la forêt sèche

La vie à Montserrat a ses bons cotés. Le karatas en est un que je viens de découvrir au cours d’une brève randonnée dans une forêt sèche que je connais encore fort peu. Cette plante appartient à la vaste famille des Broméliacés, famille bien connue pour ses qualités ornementales et gustatives, puisqu’elle comprend entre autres les élégants Tillandsia, les Aeschmea aux floraisons parfois surprenantes, et les délicieux Ananas. Mais jusque là, je le confesse, je n’avais jamais observé de véritable Bromelia sauvage. Sa présence n’étant à ma connaissance pas documentée sur mon île, je ne m’attendais d’ailleurs pas spécialement à croiser sa route. Et pourtant le voilà :

bromelia karatas03     bromelia karatas02     bromelia karatas01

Comme vous pouvez le constater, de prime abord, on se dit que voilà un beau ramassis de longues feuilles épineuses agencées n’importe comment par un paysagiste peu consciencieux (photo de gauche). En se rapprochant un peu, on aperçoit que le désordre n’est qu’apparent et qu’en réalité, chaque feuille fait partie d’une rosette finalement assez jolie (photo du milieu). Cette seconde impression se confirme quelques mètres plus loin par l’observation d’un jeune spécimen ne comportant qu’une rosette de feuilles, finalement assez semblable en apparence à un plant d’Ananas.

Le premier individu présente plusieurs rosettes de feuille accolées. Il doit donc s’agir d’un vieil individu qui a déjà fleuri une ou plusieurs fois, puis rejeté, une fois son forfait accompli. Malheureusement, je ne trouve pas de reste clair d’une éventuelle fructification passée. Je me mets donc en quête d’un autre individu.

bromelia karatas feuille01     bromelia karatas infructescence03

L’autre individu est trouvé ! Tout aussi épineux que le précédent, comme vous pouvez le constater sur la photo de gauche, ce qui rends l’approche assez délicate à réaliser. Sur ce nouveau sujet, on constate très nettement qu’il y a à la fois

– de vieilles feuilles implantées tout autour d’une zone vaguement circulaire, et

– de jeunes feuilles organisées en 2 rosettes serrées, partant de la périphérie de ce cercle dégarni (sur la photo de droite, on peut deviner les deux rejets, l’un à gauche et l’autre à droite du coeur de la plante).

La « zone dégarnie » est donc probablement ce qui reste d’une floraison/fructification passée. Manque de bol, ça a l’air de dater. On se remet à la recherche d’une autre plante…

bromelia karatas infructescence     bromelia fruits VG

Et d’autres plantes, on en trouve un certain nombre dans le voisinage, jeunes ou vieilles, semblables aux trois précédents, jusqu’à finalement tomber sur l’une d’entre elles qui présente une magnifique infructescence remplie de baies blanches dont certaines à moitié dévorées (plusieurs suspects sont envisageables : rats, agoutis, lézards et chauves-souris frugivores) et quelques-unes encore intactes. Une autre plante en fruits quelques mètres plus loin, n’ayant pas subi cette prédation me livrera une centaine de ces petites baies (15g en moyenne) au goût acidulé rappelant l’ananas en plus léger.

bromelia fruit peeled     bromelia fruit CT

bromelia fruit CL

Sur les photos ci-dessus, vous pouvez constater la structure des fruits : la peau épaisse et fibreuse se pèle comme on le ferait d’une petite banane, ce qui permet de manger l’intérieur du fruit facilement (rappel, c’est aussi bon qu’un ananas mais en différent). En réalisant une coupe transversale et longitudinale, on constate que le fruit comprend 3 carpelles contenant chacun une vingtaine de graines noires assez dure (mais pas gênantes pour la dégustation).

Cette espèce est présente dans une grande partie de l’Amérique centrale et du sud (nom espagnol : piñuela) où elle peut être localement abondante, mais est réputée rare et localisée dans les Petites Antilles. À Montserrat, je l’ai trouvé dans une forêt sèche littorale à 50m d’altitude, dominée par le gommier rouge (Bursera simaruba) et le frangipanier sauvage (Plumeria alba). Ses fruits juteux et acides fournissent un rafraichissement très appréciable pour peu qu’on affronte ses feuilles épineuses et coriaces !

3 réflexions sur “Bromelia karatas, un rafraîchissement dans la forêt sèche

  1. Bonjour,

    article très intéressant 🙂

    J’habite en Guadeloupe depuis 2 mois, et vais faire une sortie sur Montserrat d’un jour le mois prochain.
    Passionné d’oiseaux, j’aimerai observer l’oriole de Monserrat, espèce endémique de cet île.
    Aurais-tu des conseils à me donner?

    A bientôt

    Jérôme

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    • Bonjour Jérôme,

      une journée ça peut suffire si tu viens spécifiquement voir l’oriole, mais ce n’est pas garanti ! Je t’indiquerai les zones les plus propices, voire t’accompagnerai si je suis disponible ce jour là.

      À défaut d’oriole on a d’autres oiseaux à observer 🙂

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      • Ah oui super, merci!
        Je viens le 21 mars. Je ne viens que pour l’oriole 🙂 mais je ne serai pas contre un petit Organiste louis-d’or (pas le plus facile non plus). 😉

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